Si j'étais une galette...
Je serais bien rangée au chaud dans le présentoir d'une boulangerie qui sent bon les gourmandises. Au chaud sous les néons dorés qui rendent mon chapeau reluisant.
Je ferais saliver les yeux des parents, et rêver l'imaginaire des enfants.
Je serais patiente, sage avec d'autres pâtisseries, lorsqu'un petit garçon aux yeux malicieux s’arrêterait devant moi, je lui ferais mon plus grand sourire, et en équipe lui et moi nous arriverions à faire craquer la gentille maman.
- "Nous voudrions prendre cette galette des rois" demanderait la jeune femme à la vendeuse.
Je serais très heureuse, en ce jour d'épiphanie, d'être le dessert de cette jolie famille.
J'aurais, pour le temps du trajet, un peu froid dans la boite pâtissière, mais me sentirais en confiance tenue fièrement sur les genoux de mon nouvel ami.
Arrivée dans cette chaleureuse maison, je serais heureuse car je sentirais l'odeur d'un bon repas s’échapper de la cuisine.
J'entends du fond de ma boite le jeune garçon s'écrier :
- "Papa, papa, nous t'avons ramené une surrrrr......"
Je n'entendrais pas la fin de la phrase, mais je sentirais une secousse et un petit cri. Mon ami viendrait de trébucher. et avec une voie tremblotante et déstabilisé par cette chute le garçonnet reprendrait :
- "papa, on t'a ramené une surprise".
Son papa, comme pour le consoler, ouvrirait la boite et lui dirait " oh merci mon grand, elle est superbe ta galette ! " et sur un ton moqueur il continuerait "et elle est très costaud, comme toi !"
Mon ami se relèverait et d'un pas sûr irait me poser sur la table du salon où le couvert serait déjà dressé pour 3 personnes.
Sa maman, me sortirait de la boite pour me glisser dans un joli plat doré.
Pour me réchauffer un peu, pendant le temps du déjeuner, je passerais un petit moment au four, mais ne manquerais aucun moment de ce joli spectacle qui se déroulerait devant moi.
J'entends chaque histoire que raconte le petit garçon.
Je verrais les regards fiers que se lancent les jeunes parents, quand leur fils leur raconte les compliments qu'il aurait reçu de sa maîtresse sur le joli dessin fait plus tôt dans la matinée. J'aurais même ressenti un petit pincement au cœur lorsque tout déçu il raconterait qu'au goûté, la veille, dans sa classe c'est son camarade qui serait tombé sur la fève.
Je patienterais sagement en attendant la fin du repas, en espérant au fond de moi, qu'aujourd'hui, ce soit mon ami qui tombe sur la surprise qui se cache sous mon chapeau.
J'entendrais les couverts se regrouper, et une voie s'écrier "Je vais la chercher !".
"Non, jeune homme, tu vas m'accompagner, mais je vais ouvrir la porte du four, c'est chaud, je vais attraper la galette".
La maman attraperait mon joli plat, et en ayant prit soin de mettre des gants, 10 fois trop grands aux mains de mon ami, elle lui poserait le plat dessus afin qu'il me porte sur la table.
Je sentirais sa fierté dans son sourire, et je l'entendrai me chuchoter "Huuuuuuum tu sens trop bon". Je me sentirais rougir.
D'un ton enjoué le voilà qui crierait "Voilà papa, la galette des rois". En me posant sur la table un peu trop rapidement, je m’échapperais du joli plat, pour finir à moitié sur la table. Comme pour ne pas que le garconnet me voit dans cet état, son papa me rattraerait et me remettrait rapidement en place dans le plat de fête.
C'est l'heure..., son épouse, tendrait un couteau reçu en cadeau au Noel dernier, en lui disant "s'il te plait, à toi l'honneur". Faisant la moue et rigolant, il lui répondrait "comme d'habitude, je m'y colle..." "Allez, à nous deux Mme Galette".
Délicatement, il me découperait, de grandes parts généreuses, je sentirais bien que je suis dans une famille de gourmand. Pour mon plus grand plaisir, je sais que je vais être apprécié.
J'entend le chef de famille demander à son petit garçon de se cacher les yeux et quand il le lui demanderait il devrait lui donner le nom de la personne pour qui sera la part qu'il tiendrait dans sa main.
Le jeune garçon, une fois n'est pas coutume, obérait du premier coup....
- "Vas-y chéri, pour qui est cette part?"
- " Maman ! " s'exclama le garçon
- "Et celle-ci?" demanda le papa en souriant car il aurait repéré le petit objet qui se laisserait entrevoir de ma frangipane
- "Pour moi !"
- " tu es sûr ?" demanda son père
- "oui !" rétorqua sans attendre mon ami
Je serais à ce moment là soulagé et heureuse de savoir que mon ami, remporterai ce jour là, à ces yeux une petite victoire.
Les cris de joies ne mettraient pas longtemps à se faire entendre "j'ai la fève, j'ai la fève ! Je suis le Roi !" "maman, maman, regarde, la fève est un ange ! "
Les parents, se regarderaient, en un seul regard ils se comprendraient...
La maman se lèverait pour poser sur le haut de la tête de son fils la jolie couronne dorée en l'embrassant sur son petit front en lui disant d'une voie douce de maman "Bravo chéri, tu es le Roi" !
Mon devoir serait accompli, mon nouvel ami serait heureux... et je serais satisfaite...
... Si j'étais une galette
magnifique !!! <3
RépondreSupprimerJ'adore ! super idée d'article :D
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